Cela ne m’est arrivé qu’une seule fois dans ma vie d’avoir la liberté de décorer ma maison à mon goût sans souci d’argent. C’était à San Francisco, juste avant le Noël 1974. Nous venions d’acheter un bâtiment à trois étages composé de trois appartements, un par étage d’une superficie de 185 m2. Il y avait quatre chambres et une seule salle de bains construite en 1906. Les hauts plafonds, le papier peint d’un autre âge, le lambris, les balustrades, les moulures du plafond, le plancher et les lattes créaient un décor classique victorien tarabiscoté. On a emménagé à l’étage du milieu et j’ai décoré tout mon content. En ce Noël là je venais de terminer mon travail. La salle de séjour était un casse-tête alors le constructeur a séparé une extrémité en mettant des petits murs bas qui faisaient saillie dans la pièce et portaient deux colonnes circulaires. Cela donnait l’impression d’une entrée vu de l’autre bout de la salle. J’y ai placé notre piano à queue et on a appelé cet espace la salle de musique. Tous les nombreux éléments en bois, je les ai peints en blanc laqué, y compris les colonnes et les murs bas. Sur le peu de mur qui restait j’ai posé un papier peint floqué réfléchissant avec des motifs de plumes de paon géantes, toutes bleu vert avec des queues très colorées aux reflets dorés. Cette nuit-là mon nouveau salon était fantastiquement décoré pour Noël avec des douzaines de bougies. Mes enfants dormaient, mon mari était assis sur le sofa et regardait le feu de cheminée et moi, vêtue de ma robe en velours bleu vert, je venais de parcourir la pièce un long allume bougies à la main et leur lueur dansante se réfléchissait sur le bois blanc. J’étais aux anges.
Mon mari m’avait offert cette robe au Noël précédent. Je n’ai pas pu la porter quand il me l’a donnée. Il m’achetait toujours des vêtements qui lui auraient bien été s’il avait été femme. Grand, 1m82, épaules larges, hanches bien dessinées, brun de belle prestance, un Louis Jourdan moderne, la robe style smoking aurait épousé parfaitement sa fine silhouette. Mais moi j’ai un large bassin, je l’ai donc remodelée et maintenant elle m’allait bien. Les chants de Noël en musique de fond, je me trouvais au milieu de la pièce jouissant du résultat de mes efforts. Puis sans raison apparente je me suis retournée pour faire face à mon mari et ai demandé : « Qu’est-ce qui ne va pas dans notre mariage ? » Ce n’était pas la première fois que je posais la question. Mais ce fut la première fois qu’il me donna une réponse directe. A ce jour il se demande encore ce qui l’a poussé à me dire la vérité. Il a répondu : « J’aime les garçons. » Cette réponse ne voulait rien dire pour moi. J’ai dit : « Quoi ? » Il a semblé perturbé par mon incompréhension. Il m’a regardé comme si j’étais une demeurée. « Je préfère les hommes. » Un long silence s’ensuivit tandis que mon cerveau moulinait pour trouver du sens à ces mots. « Qu’est-ce que ça veut dire ? » demandai-je. Déterminé à ce que je comprenne, il lâcha : « Je préfère faire l’amour avec des hommes. » Je me souviens que je me suis effondrée sur le sofa mais je ne me souviens pas comment je me suis retrouvée allongée sur le dos au sol ou comment il en est arrivé à me clouer les poignets au sol près de mon visage. Alors que mes pensées s’éclaircissaient, je l’entendais désespérément me supplier : « Ne me hais pas ! Ne me hais pas ! » Les mois et années qui ont suivi, j’ai pensé deux fois seulement que je le haïssais, mais cela n’a pas duré longtemps. Mon problème ce n’était pas la haine, c’était la tromperie. La blessure que sa supercherie a laissé dans mon cœur pouvait être comparée au trou béant laissé par une bombe. Le niveau d’intimité auquel je m’appliquais de toutes mes forces pour que nous puissions vieillir tendrement ensemble venait tout simplement de s’évaporer. Ma vie n’était plus qu’illusion et partait en fumée. Quand les gens me disent que ce qu’ils font comblent leur vie, je sais que ce n’est pas vrai. Le succès dans la vie ne peut remplacer l’intimité, en fait, c’est un masque. Ce que nous désirons tous, et de fait ce dont nous avons besoin, c’est l’intimité. Rien ne peut remplacer l’intimité, ni le sexe, ni l’argent, ni l’amusement, ni les voyages, rien. Comment trouvons-nous cette intimité ? C’est le désir profond de notre cœur et cela nous échappe dans notre monde où l’on grandit, on aime, on se marie, on a des enfants, on va au travail, on réalise nos projets. Étrangement, parmi toutes les épreuves que cet aveu a apportées dans ma vie, le prix que j’en ai reçu est l’intimité personnifiée. J’espère que vous me rejoindrez semaine après semaine au fur et à mesure que je dévoilerai ma vie pour partager avec vous les marches escaladées afin d’atteindre ce prix indéfinissable, l’intimité.
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Marty
Delmon Écrivaine
Évangéliste Enseignante Écrire était profondément inscrit dans mes gènes si je peux parler ainsi. Mais quand j’ai donné ma vie à Jésus, Il m’a dit qu’Il m’avait créé pour écrire toutes mes aventures spirituelles et j’ai commencé à le faire. Après tout, si Dieu tout puissant me faisait com- prendre que son projet sur moi c’était d’être son écrivain, qui suis-je pour discuter son plan ?
Mon espérance, c’est vous n’aimiez pas seulement ce que j’écris mais que mes mots changent votre vie. Qu’ils vous mettent en route vers Jésus et avec Jésus. Que vos jours avec Lui sur cette terre, ressemblent au ciel. Archives
October 2018
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