Un mois plus tard John et moi sommes partis en France. Nous avions prévu de faire un périple de deux mois, et je sentais déjà les parfums d’automne, le raisin tout juste vendangé, les vignobles de couleur presque rouge. La France revêt entièrement le visage de l’automne, et j’en savourais chaque instant. Je ne voulais pas que John m’accompagne, mais il a insisté plaintivement, et il me paraissait cruel de le laisser seul à la maison. Paul et Anne, nos amis de Dundee nous avaient rejoins pour une première semaine de détente, après quoi Anne et moi avons laissé les hommes en France, et avons accompagné Marie-Louise dans une tournée d’exercice du ministère en Italie et en Suisse. Marie-Louise est une française de qualité et nous sommes devenues amies dans une admiration réciproque qui remonte à l’époque de l’école biblique ; et elle était devenue Pasteur dans une ville appelée Sospel. Sans se douter du malaise qu’elles étaient sur le point de créer, et sans rien savoir de la « condition » de John, ces deux femmes ont commencé à parler de nous, de notre couple comme si rien ne clochait. Comme je ne me sentais pas de révéler la vérité, j’avais le sentiment d’être devant la vitrine d’un magasin de bonbons dans laquelle était exposées des friandises. Après que Paul et Anne soient partis, John et moi sommes allés rendre visite à Charles et Barbara. Nous avons séjourné dans un petit appartement confortable, sous la maison du nouveau directeur du Club des Hommes d’Affaires Chrétiens.
Nous étions choyés et le temps d’automne était clément avec nous, ce qui facilitait l’utilisation des toilettes extérieurs, nichés dans une cabine sous les escaliers. La douche avait une capacité d’environ 5l, ce qui signifiait que le temps de vous savonner et l’eau était déjà froide ! Mais ces gens ont été une telle bénédiction pour nous ! Au delà des contigences de toilette, tel un beau service à thé servi sur un plateau, se déroulait un magnifique jardin, et j’étais au calme pour écrire mes sermons et exercer le ministère dans différents endroits alentours. Un Samedi soir après que j’ai préché, Charles et Barbara nous ont invité à diner, autour de minuit ainsi que cela se fait en France. Charles a demandé à John : « Qu’as-tu fait aujourd’hui ? » « Oh ! » répondit John avec enthousiasme, « J’ai passé une excellente journée ! Je suis allé déjeuner dehors, et j’ai pris le temps de visiter la charmante gare ferroviaire, puis j’ai fini par m’asseoir dans le parc. Les fleurs y étaient magnifiques, c’était une très belle journée. » Charles et Barbara ont éclaté de rire et elle a démandé, « Tu veux dire que tu n’as pas jeûné et prié pour l’onction de ta femme ce soir ? » John a eu l’air perplexe comme pour dire « Pourquoi j’aurais fait ça ? » Je me sentais soulagée de leur avoir parlé des « orientations » de John. Essayer de couvrir ses comportements égoïstes prenait trop de mon temps. Après avoir exercé le ministère dans la région, nous sommes allés rendre visite à JJ, qui pratiquait le droit là. J’imagine que nous avons un peu perturbé son style de vie, et nous l’avons véritablement envahi, mais j’aimais rester chez lui, dans son loft à double plafond. Son appartement était entre les Halles et Notre-Dame, un quartier qui offre de belles promenades à pieds. Si la France a des Yuppies, JJ vivait dans leur quartier. A Paris, quelqu’un m’a volé mon sac. Alors que je conduisais sur un grand boulevard très encombré aux abords de la Porte d’Italie, je me suis arrêtée à un feu rouge. Une voiture ma furtivement contournée par la gauche, en freinant violemment, ce que j’ai trouvé étrange bien que les français, et particulièrement les parisiens, puissent parfois être pressés à ce point. La voiture s’est arrêtée à l’angle gauche de ma voiture de location, obstruant ainsi le passage. Avant que je ne dise « ouf », un homme surgit de l’étrange voiture, brisa ma vitre arrière avec un marteau, et s’empara de mon sac à main qui était innocemment posé sur le siège arrière. J’ai entendu le bruit du verre brisé tomber au sol, mais je ne comprenais pas ce qui se passait. Je ne pouvais pas bouger avant que je ne vois mon sac s’enfuir avec le gars et s’engouffrer dans la voiture. À ce moment j’ai réagi, alors que la voiture s’éloignait rapidement. J’ai appuyé sur le klaxonne, en hurlant par la fenêtre “arrêtez-les, arrêtez-les ! À l’aide ! » Et je les ai poursuivis en criant par la fenêtre. J’entendais John brailler, mais je n’y prêtais pas attention, et je continuais ma course poursuite comme dans ces films d’espionnage. Soudainement j’ai entendu John hurler « arête-toi ! Pour l’amour de Dieu arrête cette voiture. » Je l’ai regardé comme s’il était fou. Il s’est écrié « Si tu les rattrapes, je vais devoir me battre avec eux ! » J’ai failli rire. L’idée que John fébrile, affronte ces trois gars costauds a donné tellement de poids à ses paroles, que je me suis arrêtée et je me suis mise à prier. J’ai commandé, dans le nom de Jésus, à ce que mon sac ne me soit retourné, avec tout ce qu’il contenait. Répondant à cette prière, deux jours plus tard, l’Ambassade des Etats-Unis appelle chez moi au Texas, et laisse un message sur le répondeur disant que mon sac était à ma disposition à l’Ambassade. Ma fille nous a transmis le message. Quand je suis allée le chercher, j’ai trouvé le contenu intact, avec toutes mes cartes de crédit, mon passeport qui aurait pu être revendu, mon permis de conduire, mon carnet d’adresses, les clés de l’appartement de JJ. Seuls manquaient quatre-vingts euros que j’avais reçu en offrande après avoir prêché dans une petite église. Et même si j’avais déjà commandé un nouveau passeport, de nouvelles cartes de crédit, et un nouveau permis de conduire, j’ai posé mon sac contre moi, émue, alors qu’une grande paix m’envahit. Dieu avait répondu à ma prière ! Comme les clés de la maison de JJ étaient dans le sac, nous l’avions appelé pour lui dire quelles mesures devaient être prises, et il a vite appelé un serrurier. A Paris, les verrous des portes ont trois points de fermeture, un dans le plafond, un dans le sol et le troisième sur le côté. De faire remplacer ce système nous a couté 1000 dollars. D’une certaine façon cet incident a été symbolique pour moi. Mon identité avait été volée, et m’avait été restituée. Il me semblait qu’il y avait pour Satan, comme une façon d’agir dans ma vie puisqu’on avait volé mon identité et mon argent, puis Dieu m’a rendu le tout et même plus encore. J’aurais dû me douter qu’une autre attaque satanique était en chemin parce qu’en général elle arrivent par trois. Mais avec mon passeport en poche, mon porte-monnaie à l’abri, je m’élognais du danger parisien pour pénétrer la campagne paisible et léthargique. C’est alors que mes gardes sont retombées. De Paris, nous sommes allés à Vichy assister à une conférence organisée par notre amie Marie-Louise. Vichy est une station thermale. Les gens y viennent faire des cures, c’est à dire prendre des bains d’eau minérale, et siroter d’affreux breuvages médicinaux. Cet endroit est tout à fait indiqué pour y donner des cures spirituelles. Comme je jouissais d’un certains succès professionnel, j’avais invité un couple de Pasteur de l’ouest de la France. Ils avaient essuyé des moments difficiles dans le ministère et avaient besoin d’encouragements. J’avais aussi invité un couple du l’est qui ne pouvait venir qu’une journée. Ils avaient également besoin d’un toucher du Seigneur, et j’avais pensé que le couple de l’ouest pouvait pourvoir à cela, ce qu’ils ont fait. Donc nous étions entourés, où que nous allions. Le couple de l’est avait amené leur adorable petit garçon avec eux. Ce petit garçon de neuf ans, brillant, mignon, doux de caractère se prit d’affection pour John. Cet enfant, qui rayonnait d’une belle innocence, nous servait une brioche. John l’a chatouillé, a joué à se bagarrer et à le titiller. Tout cela me semblait aller un peu loin, mais c’était la façon de John de se comporter avec les enfants, et je ne savais pas vraiment comment réagir devant toutes ces charmantes personnes. Ce couple de l’ouest a prié pour le garçon a reçu une parole prophétique pour sa vie. À l’évidence Dieu avait de grands projets pour lui, ce après quoi j’ai prié que Satan ne fasse pas dévier ces plans. Nous nous sommes promenés cet après-midi la, en admirant les vitrines, et quand nous sommes arrivés à l’église, je suis entrée. J’ai l’habitude que John traîne et ne rentre s’assoir à la réunion qu’au dernier moment, donc je n’ai pas tiqué qu’il ne soit pas à mes côtés à ce moment là. La réunion était commencée depuis un petit moment déjà quand le Saint-Esprit m’a pressé de me retourner et de scruter le fond de l’auditorium. Environ une vingtaine de rangées derrière, telles deux fleurs s’épanouissant au milieu d’un jardin de chaises vides, étaient assis John et le jeune garçon. John avait son bras autour du jeune homme et sa main caressait amoureusement son bras et sa jambe. Il ne s’agissait plus là de chatouillements innocents, John touchait le garçon avec un passion ardente. Je l’ai regardé tel un phare clignotant pour essayer de lui dire de lâcher le garçon. Les yeux de John étaient dans le vide et sa bouche pendante. Il m’a regardé et a penché la tête en avant comme pour me dire que quelque chose de merveilleux était en train de se passer sur scène, et que je ferais mieux d’écouter plutôt que de me soucier de ce qui se passait derrière. Il n’y avait rien de merveilleux sur la scène. Il s’agissait d’une discussion ouverte où s’éguisaient des idées au cours de la courte après-midi. J’ai eu cette alarme familière qui s’est déclenchée en moi me demandant pourquoi ces hommes devant, tournés vers la salle n’ont pas vu l’atrocité qui était en train de se déroulée sous leurs yeux. Par trois fois je me suis tournée vers John avec des clignotants dans les yeux. Mes enfants se sont toujours hâtés de réagir quand je faisais ce regard là, mais John n’a pas été dérangé une seule seconde. Je me suis retournée pétrifiée alors que le garçon avait les yeux ronds comme des soucoupes, frappé de stupeur comme pour demander « qu’est-ce qui m’arrive. » Juste au moment où je m’apprêtais à me lever pour aller lui dire de retirer ses mains du jeune homme, John a relâché le garçon et s’est étendu sur la chaise de devant, les bras par dessus le dossier, la tête courbée touchant presque le bois, ne me regardant plus du tout. Il avait l’air d’être vidé de son énergie. Je me suis même demandé s’il avait eu un orgasme. Le garçon ne semblait pas comprendre pourquoi John l’avait lâché, il a regardé de John vers moi et s’est jeté sur le dos de John, enroulant ses bras autour de lui, sa joue collée contre son T-shirt. Mon cœur battait tellement vite que je n’ai rien entendu du reste de la réunion. Après quoi le père a récupéré son fils et nous les avons accompagnés alors qu’ils regagnaient leur voiture. Je cachais mes inquiétudes alors que nous leur disions au revoir et les regardions disparaître sur la route. Après avoir laissé nos autres amis à l’hôtel, nous avons fait une promenade en ville, nous avons pris un thé, et quand j’étais suffisamment calmée pour prendre la parole, nous sommes rentrés à l’hôtel. J’ai mis de la musique assez fort pour que personne n’entende à travers les murs. « Que faisais-tu avec cet enfant ? » « Rien » répondit-il en faisant l’innocent. « John tu étais amoureusement en train de presser cet enfant contre toi. Tu étais en train de le caresser. » « Non. Je lui faisais juste un petit massage, c’est tout. » « John, je sais ce que j’ai vu. Je n’ai jamais reçu ce genre de gestes de ta part. Ce que tu as fait aujourd’hui était répréhensible. » « Je n’ai rien fait. » « Est-ce que tu as éjaculé ? Est-ce que tu as pris ton pied avec cet enfant ? » Il m’a regardé horrifié et a répondu avec indignation « Bien sûr que non ! » J’ai insisté « Et bien on dirait que si. » « Je te dis que non ! » Il crachait quasiment ses mots sur moi. Cette conversation se poursuivit encore pendant une bonne vingtaine de minutes jusqu’à ce que je décide de changer de tactique. J’ai dit « Écoute, si nous amenions l’ainée de nos petites filles ici et que le père du garçon s’entichait d’elle, aille s’assoir au fond de la salle et se comporte avec elle comme tu l’as fait avec le garçon, comment te sentirais-tu ? » John m’a regardé pendant un long moment. Je me demandais s’il répondrait jamais. Ses yeux sont passés de l’indignation à la contemplation, à la tristesse, et j’ai enfin vu ce que j’attendais. J’ai vu la vérité par ses yeux. Il s’est effondré et a dit « Je suis un malade. » J’ai demandé « pourquoi dis-tu que tu es malade plutôt que de dire que tu as un péché ? » « Je ne sais pas, » dit-il avec une touche de défiance. « C’est sorti comme ça. » « L’homosexualité n’est pas une maladie John, c’est un péché. Probablement que quelqu’un t’a fait la même chose quand tu avais neuf ans. » « Oh » répondit-il. « Je ne me souviendrais même pas. » « Mais si, tu pourrais » dis-je. « Si tu voulais te souvenir, le Saint-Esprit t’y aiderait. Mais tu ne veux pas vraiment. Si tu voulais te souvenir comment ces esprits homosexuels sont entrés dans ta vie, tu pourrais t’en débarrasser. » Après un profond silence j’ai demandé « As-tu joui ? » Il a parlé d’un ton très bas « Non, mais d’avoir ce jeune garçon dans mes bras m’a fait plus de bien que beaucoup de choses depuis longtemps, très longtemps. » Il n’a plus rien dit après cela. Je ne me sentais pas moi-même, de poser davantage de questions. Beaucoup d’années à essayer s’étaient déjà écoulées, beaucoup de désillusions, beaucoup d’efforts en vain. Quand nous sommes rentrés chez Charles et Barbara, je les ai pris à part et leur ai raconté ce qui s’était passé. J’avais demandé à John de m’accompagner dans cette discussion, mais il a refusé. Ils m’ont encouragé à dire à John qu’ils souhaiteraient lui parler seul à seul afin de l’aider, mais là aussi, il a refusé. Barbara a témoigné combien John vivait pour lui-même, centré sur ce qu’il allait manger, où il allait dormir, de quoi il allait s’habiller, et comment il allait se divertir. Il semblait être parfaitement auto satisfait, comme s’il était son propre meilleur ami, jouissant de lui-même plus de quiconque autre. Elle avait raison. J’avais besoin de conseil et je leur ai demandé ce que je pouvais faire. Charles dit de façon catégorique « Marty, tu as un ministère en charge. Tu dois le sortir de ta vie. Il a eu tout le temps pour remettre de l’ordre dans sa vie. Divorce. » Barbara, plus douce dit : « Oh non, ne sois pas si dur. Donne encore six mois à John. Dis-lui qu’il a six mois pour se débarrasser de ses démons. S’il ne le fait pas, alors tu divorceras. Tout le monde mérite un avertissement. » J’ai choisi de donner six mois de plus à John. De retour à Paris, j’ai passé un peu de temps avec JJ avant de prendre mon vol retour vers les Etats-Unis. J’en ai profité pour lui dire ce qui s’était passé entre son père et le jeune homme. JJ s’est assis face à moi, et dos à son père. Quand il a eu entendu toute l’histoire, il s’est tourné vers son père et lui a parlé comme le font les avocats, en lui disant « Que comptes-tu faire à ce sujet, parce qu’après ce que je viens d’entendre, je conseillerais à maman de te quitter. » John a répondu « Quand je serai de retour à la maison, je me débarrasserais de ça. » Traduction d’Emmanuelle Denfert-Bariani
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Marty
Delmon Écrivaine
Évangéliste Enseignante Écrire était profondément inscrit dans mes gènes si je peux parler ainsi. Mais quand j’ai donné ma vie à Jésus, Il m’a dit qu’Il m’avait créé pour écrire toutes mes aventures spirituelles et j’ai commencé à le faire. Après tout, si Dieu tout puissant me faisait com- prendre que son projet sur moi c’était d’être son écrivain, qui suis-je pour discuter son plan ?
Mon espérance, c’est vous n’aimiez pas seulement ce que j’écris mais que mes mots changent votre vie. Qu’ils vous mettent en route vers Jésus et avec Jésus. Que vos jours avec Lui sur cette terre, ressemblent au ciel. Archives
October 2018
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