En traversant Bay Bridge nous parvînmes à East Bay, dans la partie est de San Francisco, à la recherche d’une maison à acheter. Je ne fis presque pas attention au magnifique paysage que l’on découvrait depuis le pont, tant j’étais préoccupée, et aussi agacée par John qui prétendait conduire à ma place depuis le siège arrière. Il m’indiquait où je devais tourner, dans quelle voie me placer, à quelle vitesse rouler et, en plus, il ponctuait ses instructions de sarcasmes. « Pas étonnant s’il a de la tension », pensai-je. J’étais désolée pour lui, mais plus encore pour moi, je dois dire. Arrivés au milieu du pont, j’en ai eu vraiment ras le bol. – John ! Qui est-ce qui conduit ? – C’est toi.
– Alors fiche-moi la paix et laisse-moi conduire. Nous avons roulé quelque temps en silence ; il y avait comme de la glace entre nous. Et cette glace s’est encore épaissie quand il a fait cette réflexion : – Je ne vois pas pourquoi on doit y aller si tard. On ferait mieux d’aller voir cette maison à la pleine lumière du jour. – Ça t’arrive d’écouter ce que je dis ?, lui ai-je demandé, incrédule. Elle a déjà trouvé un acheteur, mais cette offre va peut-être échouer cette semaine et avant qu’il ne puisse présenter un autre montage financier, notre offre à nous a une chance de passer. – Tu n’as pas vu cette maison ; tu ne sais pas si tu vas l’aimer, et donc tu m’emmènes examiner quelque chose que tu n’as pas encore vu ? Rassemblant toute mon énergie, j’expirai bruyamment et lui dis : – C’est parce que j’ai déjà regardé partout ailleurs. Il n’y avait rien par ici, mais j’aime le lieu où se trouve cette maison et j’aime le quartier de la faculté. Puis j’ai dit une chose qu’il ne savait pas encore : – En plus, j’ai fait un rêve cette nuit, ajoutai-je en souriant, avec un regain d’enthousiasme. Il y avait une maison à deux étages. Très particulière. En bas, il y avait trois chambres qui toutes s’ouvraient sur la piscine. Les lieux de vie et la cuisine étaient en haut. Ça semblait bizarre. Qui voudrait habiter dans une maison qui est à l’envers ? Mais quand j’en ai parlé à l’agent immobilier aujourd’hui, c’est exactement comme ça qu’elle m’a décrit cette maison. John émit un grognement. – Je ne vois vraiment pourquoi je suis venu. C’est ton boulot de trouver la maison. Quand nous sommes arrivés, il a dit : – C’est bien la maison la plus laide que j’aie jamais vue. – Je sais, ai-je reconnu, déconfite. Je suis passée quatre fois devant et je n’ai jamais eu envie d’y entrer. On s’est garés devant la maison et on a regardé. Ça ressemblait à une sorte de ranch, coupé à angle droit par la rue ; la seule chose attirante était les deux portes, bien centrées et s’ouvrant largement. La pelouse labourée, sur le devant, donnait à penser que des chiens de garde avaient vécu dans ce lieu. Des buissons pas entretenus poussaient sous les baies vitrées encastrées dans les portes de devant. De la peinture boursouflée se gondolait sur le panneau et les lattes, révélant une tentative infructueuse pour masquer le bois en contreplaqué utilisé par le fabricant. Nous avons mis un certain temps à évaluer les dommages. Comme c’était l’heure de notre rendez-vous, nous sommes sortis de la voiture et avons sonné, en nous attendant à être déçus. Mais une fois passées les doubles portes, j’ai réellement eu le souffle coupé. Cette maison qui m’avait paru laide avant d’entrer, s’étendait devant moi sous la forme d’un grand V. Un parquet resplendissant venait buter contre une cheminée en pierre massives qui s’ouvrait sur les deux côtés : le living-room sur la droite, la salle à manger sur la gauche et l’immense salon familial de l’autre côté ; les trois pièces avaient accès à la cheminée. On découvrait en avançant que la maison était perchée sur une petite colline. Et en regardant à travers la baie vitrée, tout au fond du salon familial, je vis, dans la lumière déclinante du crépuscule, une terrasse en bois qui semblait s’étirer aussi loin que portait le regard. Un vieux chêne s’élançait d’un trou découpé au milieu des planches de séquoia. La terrasse était en forme de U et surplombait la piscine située au premier niveau ; et, oui, il y avait bien trois chambres à coucher qui s’ouvraient sur la piscine. La chambre principale et le gîte complétaient l’étage supérieur. – Tu l’auras jamais, murmura John. – Ça te plait ? – Ouais, mais tu l’auras jamais. Curieusement, deux homosexuels avaient versé des arrhes pour cette maison. Le lendemain, je fis une proposition, sans grand espoir, plutôt comme on rêve. Mais ces deux hommes furent déboutés et nous sommes devenus les propriétaires de la maison la plus vilaine, en face de l’impasse. Plus tard, les voisins nous ont dit qu’ils avaient prié avec ardeur pour ne pas avoir d’homosexuels à côté de chez eux. Plongée dans l’euphorie d’avoir pu conclure la vente, j’en avais oublié que John en était un aussi, et que moi-même j’avais été voisine de l’université Lavender [*Ndt : Université fondée dans le Maryland par des personnes appartenant à la mouvance homosexuelle LGBT.] Donc, j’habitais enfin la maison de mes rêves. Ç’était comme si Dieu me disait, en permettant que j’obtienne cette maison qui avait été réservée par un couple d’homosexuels : « Tu vois, Je suis plus fort que le péché et je serai toujours le vainqueur dans ta vie ». Ma maison est devenue un lieu de réunions, de prière et de ministère, une maison de réjouissances où l’on apprenait à connaître le Seigneur ; et aussi une maison où je me suis résignée à vivre avec un mari qui n’avait simplement pas d’amour pour moi.
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Marty
Delmon Écrivaine
Évangéliste Enseignante Écrire était profondément inscrit dans mes gènes si je peux parler ainsi. Mais quand j’ai donné ma vie à Jésus, Il m’a dit qu’Il m’avait créé pour écrire toutes mes aventures spirituelles et j’ai commencé à le faire. Après tout, si Dieu tout puissant me faisait com- prendre que son projet sur moi c’était d’être son écrivain, qui suis-je pour discuter son plan ?
Mon espérance, c’est vous n’aimiez pas seulement ce que j’écris mais que mes mots changent votre vie. Qu’ils vous mettent en route vers Jésus et avec Jésus. Que vos jours avec Lui sur cette terre, ressemblent au ciel. Archives
October 2018
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