Nous avons passé un excellent moment à la fête d’anniversaire d’Ida dans un restaurant qui surplombait la baie de San Francisco. Bob s’est transformé en animateur et a merveilleusement donné vie à la fête. Ida s’est réjouie de sa performance et n’a pas cessé de vanter ses mérites tout en se laissant éclairer par la lumière de son projecteur. À un moment donné de la fête, un bateau est lentement passé devant la fenêtre tirant derrière lui une bannière sur laquelle on pouvait lire : « Joyeux 80ème anniversaire Ida ». Je pense que la totalité des 80 années de sa vie étaient englobée dans ce moment précis, la bannière en représentait le point culminant. De telles hauteurs amènent forcément des profondeurs équivalentes. Le jour du Memorial Day, la journée du souvenir, nous avons reçu un appel à 5h du matin. C’est John qui a décroché. Moi j’écoutais avec une troublante anticipation. Le Seigneur m’avait en effet parlé de l’avenir de la famille à travers de nombreuses et diverses visions. Nous avions eu deux décès tragiques, le cousin de John ainsi que son fils, morts dans le crash d’un avion privé. Assise dans la chapelle à leurs funérailles, j’ai demandé au Seigneur qui seraient les prochains. Il m’a répondu : « Bob et ensuite Ida ». Je L’ai corrigé en disant : « Tu ne veux pas plutôt dire Ida et puis Bob ? ». Il ne m’a pas répondu alors j’ai compris que la réponse qu’Il m’avait donnée était la bonne. Derrière moi ma nièce a demandé tout haut qui serait le suivant. J’ai failli me retourner pour le lui dire mais heureusement je me suis reprise. Je ne pouvais tout de même pas lui annoncer la mort de son père !
J’ai appris par diverses conversations avec Dieu que Bob mourrait un lundi et que ce lundi serait férié. Il m’a fallu chercher sur plusieurs années pour trouver un Noël qui tombait un lundi. Cela impliquait que le Nouvel An serait aussi un lundi, la même année, mais avant cela, pas de jour férié. Pâques ne tombe jamais le lundi. Thanksgiving non plus. Peut-être le 4 juillet, le jour de la fête nationale ? Ce ne serait pas cette année alors. Cela restait un mystère pour moi jusqu’à ce coup de fil qui tout à coup donnait un sens à l’information qui m’avait été donnée. Je me suis immédiatement assise dans mon lit. Memorial Day tombe toujours un lundi. Le Seigneur m’avait aussi montré dans une vision que le corps de Bob serait évacué sur un brancard de la cuisine centrale où toute la nourriture de nos restaurants était préparée. Alors, quand mon mari a raccroché j’avais déjà les réponses à mes questions. Je lui ai tout de même demandé : « C’était qui ? » -Sandy. Elle a dit que la police l’avait appelée à 4h du matin. Frenchy, le chef cuisinier les avaient contactés parce qu’en arrivant au travail, il avait retrouvé les corps de Bob et celui du remplaçant du cuisinier étendus sur le sol. Ils baignaient dans leur propre sang et avaient été tués par balle. Sandy s’est précipitée pour aller identifier le corps de Bob pour la police. Les parents du cuisinier sont en route pour identifier son corps. Elle est rentrée maintenant et veut que j’aille à la cuisine centrale au plus vite. » Cette idée en tête, il s’est précipité dans la salle de bain et a fait couler l’eau. Je pouvais l’entendre et on aurait dit qu’il chantait. Je me suis approchée de la porte pour écouter plus attentivement et j’ai réalisé qu’il pleurait tout en priant : « S’il te plaît Seigneur n’envoie pas mon frère en enfer. S’il te plaît fais qu’il t’ait invité dans son cœur avant de mourir. Je sais qu’il n’a jamais… » Je me suis vite habillée et j’ai appelé mon amie Barbara pour savoir si elle pouvait garder Jo toute la journée et la mettre hors d’atteinte. De ce que je savais, je me disais que c’est à John que le meurtrier en voulait alors je lui ai tout expliqué et elle a été immédiatement d’accord. Ses jumelles étaient les meilleures amies de Jo. J’ai ensuite appelé JJ à l’université de Californie à Santa Barbara pour l’avertir de ce qu’il entendrait bientôt aux informations et lui demander de ne pas rentrer à la maison. C’était la fin de l’année scolaire et il travaillait dur pour ces derniers examens. D’ailleurs, je me disais qu’il serait plus en sécurité là où il était. John est immédiatement parti pour la ville. Il m’a fallu à moi, une heure de plus pour réveiller Jo, l’informer de ce qui se passait, la calmer et l’amener chez ses amies. Ensuite, je suis à mon tour partie pour San Francisco. Sur le chemin je pensais à ce que Sandy, la femme de Bob, avait pu dire de plus à John et à ce que je savais d’autre. Avant le week-end, notre cuisinier habituel avait demandé à prendre quelques jours de congé pendant le Memorial Day, un congé de trois jours que prennent la plupart des gens. De ce fait John se retrouvait à devoir faire la cuisine lui-même, de 22h à 6h du matin. Un jeune homme qui avait travaillé avec John auparavant, est passé au bureau le vendredi qui a précédé le long week-end. Il savait que notre cuisinier était en congé et proposa de le remplacer le dimanche soir car il avait besoin d’argent. Dégagés de tout travail, et libres de nous amuser John et moi sommes allés au cinéma ce dimanche soir. Jo, qui avait 15 ans à l’époque passa six heures d’affilée au téléphone avec une amie. Lorsque nous sommes rentrés, je lui ai demandé si quelqu’un avait essayé de nous joindre en double appel et Jo m’a répondu que non. Nous nous sommes couchés vers une heure du matin. D’après Sandy, une personne de la cuisine centrale avait appelé chez eux vers minuit pour dire que la chaudière avait disjoncté. Ceci étant chose courante, elle est allée se coucher et n’a pas remarqué que son mari n’était jamais rentré. J’ai conduit jusqu’à la cuisine centrale remplie de peur et d’impatience. J’étais hantée par le sentiment que des assassins étaient cachés derrière chaque arbre. En arrivant sur place, j’ai remarqué que la police avait fait attendre John sur le trottoir jusqu’à ce que la scène du crime soit libérée. John regardait les corps recouverts sortir et être embarqués dans une ambulance. Ensuite la police l’a fait rentrer pour l’interrogatoire. Un sac de farine de 25kg et un autre de 25kg de sucre avaient été ouverts comme au couteau et répandus dans la cuisine. John a voulu savoir pourquoi la police avait fait cela mais ils ont répondu qu’ils avaient trouvé la cuisine dans cet état. Selon l’officier en chef, le cuisinier et une autre personne attendaient Bob quand ce dernier est arrivé après minuit et en fait, l’appel avait été passé alors que la chaudière fonctionnait sans problème. Apparemment, la confrontation avait été assez longue et la petite amie du cuisinier étant arrivée vers 2h du matin, ce dernier avait refusé de lui ouvrir la barrière pour la faire rentrer. Il lui avait dit de décamper parce que les choses allaient mal tourner. Elle avait pu entendre des cris derrière lui. Après son passage, le ou les meurtriers ont obligé les deux hommes à s’agenouiller, leur ont attaché les mains derrière le dos avec des cordes en cuir et les ont abattus dans le dos. La balle est passée sous l’omoplate et est allée directement se loger dans le cœur. Ils ont alors retiré les cordes en cuir des poignets sans laisser aucune trace, comme le font les tueurs professionnels. Ces informations m’ont davantage terrifiée. John était supposé être dans cette cuisine ! Peut-être que les tueurs étaient après Bob et aussi après John! J’étais bouleversée. John m’a alors demandé de faire barrage et d’être le porte-parole du restaurant et m’a fait asseoir dans son bureau pour répondre au téléphone. Alors que je dévisageais l’appareil me demandant ce que je ferais s’il sonnait, il sonna. -« Bonjour ? » Ai-je répondu. -« Bonjour » m’a répondu la voix agréable tout en mentionnant quelque chose au sujet d’une station de radio. L’animateur m’a dit qu’ils avaient entendu parler du double meurtre et qu’il se demandait à qui il s’adressait actuellement. -« Je suis Marty, la belle-sœur de Bob » ai-je dit sans réfléchir, leur tendant la perche pour parler du meurtre. -« Que s’est-il passé ? » -Je n’en sais vraiment pas plus que ce dit le rapport de police » -« Pourriez-vous nous décrire le lieu du crime ? » Je me demandais à qui le « nous » faisait référence. -« Non je ne peux pas. Je n’ai pas encore eu le courage d’y aller. Mon mari m’a dit de rester à côté du téléphone et d’être le porte-parole du restaurant mais je n’ai pas vu le sang et tout le reste. » -« Avez-vous une idée de qui a pu commettre une telle atrocité ? » a-t-il continué avec une voix mielleuse. -« Pas vraiment, c’est très personnel, je veux dire , c’était mon beau-frère, j’ai l’impression d’être la cible, comme si toute ma famille était traquée, alors bien sûr j’ai repensé mille fois à toutes les personnes qui pourraient être impliquées. Mais vraiment, non, je n’ai aucune idée de qui le meurtrier pourrait être. -« Pourriez-vous dire aux auditeurs qui est la première personne qui vous soit venue à l’esprit ? -« Auditeurs ? » ai-je demandé incrédule. -« Oui, vous êtes à l’antenne ». -«Vous voulez dire que les gens qui écoutent leur radio en ce moment entendent ma voix ? ». -« Oui, la ville entière pleure avec vous.» -« ça veut dire que l’assassin est peut-être… » J’ai raccroché et me suis rapidement mise debout. La gêne, La peur, la sensation d’être piégée par ma propre stupidité m’ont envahie comme un tourbillon. C’est alors que la sonnerie de la porte en fer de la cuisine centrale a retenti. J’ai traversé la réserve, faisant signe à John que j’allais ouvrir la porte. J’ai jeté un coup d’œil pour voir qui avait sonné. Une équipe de télévision de cinq personnes attendait derrière la grille. Deux hommes portant des caméras sur leurs épaules, deux autres tenant à la main des projecteurs qui illuminaient le mur en béton, ainsi qu’une femme tenant un micro. J’ai levé ma main pour me protéger le visage et je me suis avancée à la rencontre de mes bourreaux. -« Je suis désolée, je ne peux pas vous laisser rentrer. Nous travaillons aujourd’hui et comme vous pouvez l’imaginer le personnel est très perturbé. Si je laisse entrer une équipe de télévision pour filmer pendant qu’ils travaillent, nous ne pourrons rien faire de toute la journée, et la situation est assez compliquée comme cela. » J’ai gardé ma main devant mon visage. -« Pouvez-vous nous décrire la scène du crime ? » -« Je n’ai vraiment rien d’autre à ajouter que ce qui se trouve dans le rapport de police. Vous en avez un exemplaire ? » -« A-t-on une idée de qui pourrait être le meurtrier ? » -« Comme je vous l’ai dit, je n’ai rien d’autre à ajouter que ce que dit le rapport de police. Je suis sûre que vous en avez un exemplaire. » J’ai alors entendu le téléphone sonner. -« Je suis désolée, je dois vous laisser. Merci d’être passé. » Je suis retournée dans l’entrée en poussant un soupir de soulagement de ce que je m’étais un peu mieux comportée. L’appel provenait du journal local et je les ai renvoyés au fameux rapport de police. J’ai fait de même pour les nombreuses stations de radio et chaînes de télévision qui appelaient. La photo de Bob était au journal du soir, tout comme quelques prises du restaurant. Cependant ma présence à la grille de fer a permis de faire barrage. Quand le téléphone a cessé de sonner, je me suis précipitée à l’appartement d’Ida où un attroupement de voisines s’était formé à l’annonce de la nouvelle par les médias. Elles avaient allongé Ida dans le canapé avec un sac de glace sur la tête car elle s’était effondrée en apprenant la nouvelle. Nous avons réalisé plus tard qu’elle n’avait jamais retrouvé sa force émotionnelle. Les dames qui lui tenaient compagnie se sont rassemblées autour de moi en quête de toute nouvelle information que j’aurais pu apporter. -« Qu’a dit la police ? » a demandé une des dames. -« Ils ont dit que selon eux il s’agissait d’un règlement de compte » ai- je répondu sincèrement. Ida gémit depuis le canapé : -« Qui pourrait vouloir se venger d’un bon garçon comme Bob ? » A ce moment-là, je me suis demandée si je serai une mère aussi aveugle concernant JJ et Jo qu’Ida avait toujours semblé l’être pour Bob et John. J’espérais cependant que mes enfants n’auraient pas autant à me cacher que les siens l’avaient fait. Nous avons emmené Ida à la maison pour qu’elle passe la nuit avec nous mais elle a refusé de rester plus longtemps. Notre pasteur est passé pour prier. Nous avons appelé des amis et de la famille, et de la famille et des amis nous ont appelés. Des voisins nous ont apporté de la nourriture et des fleurs. Je me suis effondrée à la porte lorsque les premiers voisins sont arrivés avec de la nourriture, mais ensuite nous avons machinalement reçu les autres preuves d’amour qu’on nous apportait. Malgré le stress immense que je ressentais, je ne laissais rien paraître. Les employés ont rechigné à travailler dans la cuisine centrale particulièrement quand ils étaient seuls et ils ont refusé de maintenir le planning sur 24h, nécessaire à la préparation de tous les plats. Ils se sont entassés sur un planning de 8h, se bousculant dans la cuisine mais rassurés de ne pas être en danger. Cette affluence a duré environ un mois et ensuite ils ont repris l’ancien rythme. C’est à peu près le temps qu’il a fallu pour que les taches de sang disparaissent à force de lavages et de traitements répétés. A suivre…. Traduit par C.Brieau
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Marty
Delmon Écrivaine
Évangéliste Enseignante Écrire était profondément inscrit dans mes gènes si je peux parler ainsi. Mais quand j’ai donné ma vie à Jésus, Il m’a dit qu’Il m’avait créé pour écrire toutes mes aventures spirituelles et j’ai commencé à le faire. Après tout, si Dieu tout puissant me faisait com- prendre que son projet sur moi c’était d’être son écrivain, qui suis-je pour discuter son plan ?
Mon espérance, c’est vous n’aimiez pas seulement ce que j’écris mais que mes mots changent votre vie. Qu’ils vous mettent en route vers Jésus et avec Jésus. Que vos jours avec Lui sur cette terre, ressemblent au ciel. Archives
October 2018
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