Lorsque nous avons entamé notre seconde année à l'école biblique, nous avons inscrit notre fille dans une école chrétienne privée. Les filles dans l'école publique n’avait pas accepter ma fille avec son style californien. La solitude de Jo m'inquiétait. Je voulais l'en faire sortir avant qu'elle ne tombe le monde des drogues ou qu'elle ne découvre la jungle du sexe sans limite ; c'est pour cela que j'ai essayé de la faire entrer à l'école privée en milieu d'année. Jo ne voulait pas entendre parler d'un nouveau changement et elle demanda à son père de la soutenir dans ce sens. – Marty, Jo ne veut pas changer d'école maintenant, me dit-il. Attends jusqu'à la rentrée prochaine. – Écoute. Nous aurions dû la faire entrer à l'école chrétienne dès le début, mais nous ne l'avons pas fait. Je crois que lorsqu'on devient conscient d'une erreur, il faut la corriger tout de suite. – Non. Il faut la laisser dans l'école publique. – John, elle ne s'y épanouit pas. Elle était populaire en Californie, elle était déléguée de sa classe. Et regarde où elle en est maintenant ! Ces espèces de cowgirls ne l'acceptent pas ! – Qu'est-ce qui te fait croire que les filles chrétiennes l'accepteront davantage ? – C'est que, là, il y a un esprit différent. John appela Jo. – Veux-tu changer d'école ?, lui demanda-t-il.
– Non. Elle avait l'air de dire cela pour me punir. – La question est réglée, dit John, et tous les deux me regardèrent d'un air triomphant. J'étais désespérée de voir que nous mettions notre fille en situation de danger. À la rentrée, tous deux étaient prêts à ce que Jo entre à l'école chrétienne. Quand, à cette nouvelle école, on m'a demandé de voir son livret de vaccinations, comme il est habituel de le faire, je leur ai apporté le livret que j'avais déjà montré à l'école publique ; mais ils m'ont rappelée pour me dire qu'il manquait l'attestation de vaccin contre la rougeole. Agacée, le leur ai dit que c'était ridicule, car elle avait tous les vaccins exigés. Il me faut dire que je suis tout sauf une mère négligente ! Mais ils continuèrent d'affirmer que ce vaccin n'apparaissait pas sur le livret. Alors, j'ai pris rendez-vous au centre médical. Dans le cabinet du docteur, Jo qui avait peur de la seringue, demanda si je pouvais l'accompagner dans la salle d'examen. Le médecin entra, le dossier à la main. – Bonjour, Jo. Et bonjour, Marty, dit-il, apparemment surpris de me voir là. – Ouais, dit Jo, en se tortillant. J'ai demandé à maman de venir. Je déteste les piqûres. Mais ce docteur athlétique et décontracté lui répondit : – Dommage, mais ta mère est obligée de partir. – Pourquoi donc ?, demanda Jo. – Parce que la loi exige que je te pose une question en privé. Je suis sûr de connaître la réponse, mais je dois obéir à la loi. S'il y a un risque de grossesse chez ta fille, Marty, je ne pourrai pas lui faire l'injection, dit-il en me faisant un clin d'œil. C'est vrai que, pour une famille comme la vôtre, je pourrais moi-même inscrire la réponse. Toutefois, respectons la loi. Il ouvrit la porte et me fit sortir. Je me suis assise dans la salle d'attente aussi loin que possible de la salle d'examen. Le temps passait, interminable. Quand le médecin est ressorti, il était pâle comme la peinture blanche sur les murs. Il a évité mon regard et s'est mis à farfouiller machinalement dans des papiers étalés sur le comptoir. L'infirmière est entrée dans la pièce avec un plateau contenant tout un attirail servant à faire les piqûres. J'agrippais les bras de mon fauteuil, une transpiration glacée me coulait dans le dos. De quoi avais-je peur ? Jo est sortie quelques minutes plus tard ; elle est passée devant moi à toute allure et s'est précipitée vers la sortie. Je l'ai suivie aussitôt. – Que s'est-il passé ?, lui ai-je demandé, toute tremblante, dans la voiture. – Avance !, cria-t-elle, le menton tremblant. Pars d'ici. Non seulement un de tes amis m'a agressée sexuellement, mais maintenant je dois en subir l'humiliation ! Mon estomac se noua. J'ai voulu la toucher, mais Jo a repoussé ma main et crié en sanglotant : – Dégage d'ici ! Sinon, je marcherai jusqu'à la maison. C'est plus que ce que je peux supporter. Les mains tremblantes, j'ai reculé et je suis sortie du parking. Pendant tout le trajet, j'ai essayé de l'apaiser et de la faire parler. Mon cœur battait si fort que je pouvais à peine entendre mes paroles. Je voulais savoir ce qui s'était passé, avec qui et quand, mais elle refusait de me répondre. Tout me portait à soupçonner Henry, mais il ne l'avait pas vue depuis le CP. D'ailleurs, quand je lui en ai parlé, elle ne se souvenait plus qui il était. Enfin, dans la lumière feutrée du garage, quand la porte automatique se fut refermée, elle lâcha : – C'était James. De petits gémissements s'échappaient de sa gorge serrée. – Il a commencé à abuser de moi quand j'avais sept ans et ça a duré jusqu'à douze ans ; c'est à dire quand il a cessé de venir chez nous. Horrifiée, sous le choc, je suis restée assise dans la voiture tandis que Jo claquait la portière et se précipitait dans la maison. Comment était-ce possible ? Ce jeune homme qui était venu me demander de l'aide pour résoudre ses problèmes personnels, que j'avais aidé à faire ses devoirs, avec qui j'appréciais de converser au point que j'attendais impatiemment ses visites, c'était lui ? Il avait abusé sexuellement de ma fille ? Comment cela avait-il pu se produire sans que je m'en rende compte ? Je repassais dans ma tête tout ce mensonge, toute cette comédie écœurante. J'ai monté l'escalier à toute allure ; m'étant arrêtée devant la porte de ma fille, je l'entendais sangloter et se parler à elle-même. Puis, j'ai ouvert la porte. – Sors d'ici, s'écria-t-elle entre ses sanglots. C'est entièrement de ta faute ! C'est toi qui l'as invité à la maison ! Tu pensais que c'était quelqu'un de bien ! Il était ton ami intime ! Comment tu as pu me faire ça ! – Jo, écoute-moi. Je ne savais pas. Je l'implorais tout en m'approchant du lit où ma fille s'était roulée en boule. – Ne t'approche pas de moi ! hurla-t-elle. Tu devais savoir. – Je te jure que je ne savais pas. Tu crois vraiment que j'aurais pu laisser une chose pareille t'arriver ? Je t'aime comme ma vie ! J'ai tout donné pour toi ! – Tu m'as toujours laissée seule avec lui ; pourquoi as-tu fait ça ? Son corps se convulsait. Je cherchai dans ma mémoire. – Jo, il a fait du baby-sitting quelques fois, puis j'ai décidé qu'il valait mieux faire appel seulement à des filles. – C'est justement à ce moment-là que ça a commencé. Il venait à la maison après l'école pendant que tu faisais des courses. . . . – Mais JJ était là. – Il était au fond, dans la salle de télé. Et quelquefois, toi tu étais dans la cuisine en train de préparer le dîner. Jo paraissait mouillée et tachée comme si elle avait été sous la pluie. Je tendis mon bras vers elle, dans un effort désespéré pour éliminer cette horreur qui venait de s'introduire dans mon univers. – Je pensais qu'il t'aidait à faire tes devoirs. Je ne savais pas, Jo, je te jure que je ne savais pas. Je pense que j'étais si encombrée de mes propres problèmes que je ne voyais pas. Il faut que tu me croies. À ce moment-là, mon nez coulait, je sanglotais sans pouvoir m'arrêter et Jo me tendit les bras. Nous sommes restées là, couchées sur le lit dans les bras l'une de l'autre, pendant un bon moment. – S'il te plaît, pardonne-moi, Jo, s'il te plaît, pardonne-moi. Comment avais-je pu être l'instrument d'une douleur si profonde pour celle que j'adorais ? Elle me serrait et m'embrassait. – C'est bien. Tout en pleurant, nous confessions combien nous nous aimions. Quand nous nous fûmes calmées, elle me demanda : – Quelle sorte de problèmes avais-tu, maman ? D'un coup, je retrouvai mes esprits. Il était impensable que je dévoile à ma fille que son père avait été un homosexuel pratiquant, et qu'il était toujours homosexuel, même s'il était maintenant non-pratiquant. Surtout à un moment où elle avait à porter un si gros fardeau à cause de son propre passé. – Quand tu seras plus mûre, je te le dirai, lui répondis-je ; mais pour l'instant, concentrons-nous sur toi. Tu as besoin d'assistance. Elle se rétracta et se laissa glisser du lit. Debout au-dessus de moi, elle me regardait avec mépris. – Non ! Je n'irai pas voir un conseiller ni un psychologue. Tu m'entends ? Ce n'est pas moi qui suis malade. C'est toi ! Je t'ai confié mes secrets inavouables et tu ne veux pas me confier les tiens ? C'est toi qui étais dérangée au point de laisser James entrer dans notre maison ! Tu as bousillé ma vie et tu ne veux même pas me dire pourquoi ! Sors ! dit-elle en me montrant la porte. – Jo, l'implorai-je. Mais elle me lança un regard furieux, perçant comme un poignard, et se rua hors de la chambre. Le lendemain, le principal m'a appelée pour me dire qu'il avait mal lu le dossier de Jo, que la vaccination contre la rougeole y figurait bien et que je n'avais donc pas besoin de la faire vacciner à nouveau. Apathique, j'ai marmonné un merci et j'ai raccroché. Pourquoi ce malentendu avait-il eu lieu ? Pour que je découvre la vérité sur James ? Et si oui, que devais-je faire de cette connaissance ? Je ne croyais pas vraiment à la relation d'aide ; en tout cas, cela n'avait servi de rien à mon mari.
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Marty
Delmon Écrivaine
Évangéliste Enseignante Écrire était profondément inscrit dans mes gènes si je peux parler ainsi. Mais quand j’ai donné ma vie à Jésus, Il m’a dit qu’Il m’avait créé pour écrire toutes mes aventures spirituelles et j’ai commencé à le faire. Après tout, si Dieu tout puissant me faisait com- prendre que son projet sur moi c’était d’être son écrivain, qui suis-je pour discuter son plan ?
Mon espérance, c’est vous n’aimiez pas seulement ce que j’écris mais que mes mots changent votre vie. Qu’ils vous mettent en route vers Jésus et avec Jésus. Que vos jours avec Lui sur cette terre, ressemblent au ciel. Archives
October 2018
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