Henry avait toutes sortes de plans. Lui et John pourraient prendre un appartement ensemble et les enfants et moi nous resterions où nous étions, dans notre appartement douillet de Cow Hollow à San Francisco. Il ne serait pas nécessaire que je travaille parce qu’ils pourraient m’entretenir sans problème, avec leurs deux salaires ils auraient largement de quoi vivre et Henry avait fait de bonnes affaires en bourse. Ils pourraient avoir les enfants un week-end sur deux pour me laisser souffler et tous les trois on pourrait jouer les fiers parents aux réunions scolaires. Les week-ends où j’aurais les enfants, Henry et John pourraient donner des soirées gigantesques et ‘courir les antiquités’ à la campagne. Oui, Henry avait pensé à tout au cours de cet après-midi. Je sentais John se rigidifier en l’écoutant. Mon corps à moi était déjà aussi rigide qu’une planche. Chez nous, tard cette nuit-là, John m’a dit qu’il ne voulait pas de ce style de vie gay et il m’a suppliée de rester avec lui. Il a dit que sa carrière serait ruinée s’il suivait le plan d’Henry. En voyant sa vulnérabilité, j’ai posé ma deuxième condition. J’ai dit que je resterais s’il quittait son amoureux. Il a répondu qu’il essayerait. Mais un soir il s’est assis soudain sur le bord du lit où je lisais. Il tremblait. Sous le coup de l'émotion sa peau paraissait molle comme s’il avait pleuré pendant des heures. Les longs cils encadrant les yeux rouges laissèrent tomber des larmes quand il dit soudain : « J’aime Henry. » Je n’avais jamais vu un homme exprimer autant d’amour pour une femme, encore moins pour un homme. Je savais qu’il voulait que je lui permette de garder Henry mais je m’étais totalement fermée. Comment aurais-je pu répondre à cette supplication de toutes façons ? Il avait promis de m’aimer. M’aimerait-il ainsi un jour ? Etait-ce possible ? Pouvait-on changer cet état ? Je n’avais aucune réponse et je la bouclais.
Je m’étais fermée à cause de ma mère. Le jour qui suivit l’infâme dîner spectacle, ma mère s’attendait à ce que je la conduise à l’aéroport car elle se rendait à Kansas City à Noël. Mais dans les derniers jours de shopping avant Noël il y avait un bouchon sur la 101 et ma voiture a calé. Affolée, j’ai convaincu le conducteur de la voiture derrière moi de me pousser sur le bas-côté et jusqu’au premier garage que nous verrions. Là j’ai appelé ma mère. Elle est venue me chercher au garage et nous sommes allées à l’aéroport. Elle a remarqué que quelque chose n’allait pas. J’ai éludé la question en disant que j’avais des problèmes avec John. Elle a alors demandé quel genre de difficultés avait John. J’ai répondu que ce n’était rien d’inquiétant. Après avoir posé des questions anodines elle dit : « Frappe-t-il des deux côtés? » J’avais enseigné l’Education Physique pendant plusieurs années et j’ai cru qu’elle parlait littéralement du baseball. ▬ Non. Il frappe de sa main droite. ▬ En clair, est-il à voile et à vapeur ? ▬ Oh, dis-je en faisant oui de la tête, prête à éclater en sanglots à nouveau. ▬ C’est bien ce que ta sœur a dit. Le mari de ma sœur avait travaillé avec John l’été quand il faisait ses études de médecine. ▬ Elle savait ? Je me demandais pourquoi elle ne me l’avait pas dit, mais voilà, dans la famille personne ne parle de quoi que ce soit d’important. Ma mère demanda d’un ton neutre : ▬ A qui d’autre en as-tu parlé ? ▬ Personne. ▬ Bon. Ne le dis à personne d’autre. ▬ Pourquoi ? ▬ Personne d’autre ne doit être au courant de ce genre de choses, rétorqua-t-elle. ▬ Puis-je t’en parler ? ▬ Non. Ni à ta sœur. Aucun de nous ne veut savoir quoi que ce soit. Elle pinçait les lèvres. Elle venait de suivre un cours sur le contrôle mental alors elle ajouta : ▬ Tu ne veux pas que je parte à Noël, n’est-ce pas ? J’ai répondu : ▬ Non. ▬ C’est pour ça que ta voiture a calé. De fait, quand je suis retournée au garage, la voiture fonctionnait très bien et le mécanicien n’y trouvait rien. La philosophie de vie de ma mère avait toujours été : « Soigne la façade et balaie la saleté sous le tapis. » Alors on en a jamais parlé. Je n’en ai parlé à personne d’autre et il était péniblement évident que le sujet était aussi verboten avec John. Il m’a fallu quelques années avant de trouver mon confident. Cinq ans exactement. Je suis peu à peu devenue si dépressive, sans issue, avec Henry encore dans les parages et John qui se morfondait, que dans les deux derniers mois de ces cinq années d’emprisonnement je ne pouvais même plus m’habiller. Mes enfants rentraient chaque jour de l’école et me trouvaient assise sur un rocking-chair dans ma cuisine, en chemise de nuit et robe de chambre, en train de pleurer. Ils montaient sur mes genoux, essuyaient mes pleurs et restaient avec moi tout le reste de l’après-midi. Je crois qu’ils m’ont sauvé la vie parce que je ne pensais qu’à une chose : me suicider. Mais ces deux êtres merveilleux entraient en courant et je savais que je ne pouvais pas les laisser se débrouiller avec ces problèmes. Mais moi je ne savais pas non plus comment m’y prendre. C’est alors qu’Il est entré. Il m’a totalement prise au dépourvu.
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Marty
Delmon Écrivaine
Évangéliste Enseignante Écrire était profondément inscrit dans mes gènes si je peux parler ainsi. Mais quand j’ai donné ma vie à Jésus, Il m’a dit qu’Il m’avait créé pour écrire toutes mes aventures spirituelles et j’ai commencé à le faire. Après tout, si Dieu tout puissant me faisait com- prendre que son projet sur moi c’était d’être son écrivain, qui suis-je pour discuter son plan ?
Mon espérance, c’est vous n’aimiez pas seulement ce que j’écris mais que mes mots changent votre vie. Qu’ils vous mettent en route vers Jésus et avec Jésus. Que vos jours avec Lui sur cette terre, ressemblent au ciel. Archives
October 2018
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