Un certain évangéliste est parvenu à convaincre des restaurateurs locaux d’inviter des pasteurs à prendre le petit déjeuner une fois par mois, chaque fois dans un restaurant différent. Bien évidemment, ils devaient être assez grands pour recevoir plus de 100 personnes, mais il a trouvé de quoi mettre cela en place. Lors de l’un de ces petits déjeuners, je me suis trouvée assise à côté d’un homme que je rencontrai pour la première fois. Il avait un carnet ouvert à une page où les lettres SIDA étaient écrites, en anglais on écrit cela AIDS. Je me suis penchée vers lui et lui ai dit que je connaissais les français, et que s’il avait besoin de parler à un français, je serais ravie de l’aider. Il m’a répondu tout bas que SIDA était espagnol et qu’il ne parlait ni espagnol, ni français. Nous avons ri, mais il a tout de même pris mon numéro de téléphone. Cela a été ma première opportunité de parler français à quelqu’un, et je me demande si c’est pour cette raison que j’ai été poussée à suivre des cours intensifs de français avant de rentrer aux Etats-Unis. J’ai aussi appris de ce pasteur qu’il était à la tête d’un organisme d’aide aux victimes du SIDA situé en ville, et que non seulement il était gay lui-même, mais qu’il était également atteint du SIDA. La seule rencontre que j’avais eu avec une personne atteinte du SIDA jusqu’à lors avait été avec une jeune femme en France qui s’était approchée lors d’un appel à la prière. Elle m’a envoyé un message quelques mois après cela, me disant qu’elle était complètement guérie et que les médecins ne croyaient pas à la guérison par la prière, à tel point qu’ils avaient désavoué le premier diagnostic.
J’ai quitté ce petit déjeuner, assurant à ce pasteur que je l’aiderais de toutes les manières qu’il me serait possible. Quelques semaines plus tard il m’appela, me demandant de piloter un groupe de soutien chrétien, d’hommes porteurs du VIH ou bien ayant un SIDA déclaré. Je lui ai dit que je prierai à ce sujet et j’ai raccroché. Plus tard dans la journée, je me suis mise à prier. Avant même que j’aie pu prononcer le mot « Seigneur… » Il a pris ma main et m’a conduit à taper le numéro de ce Directeur. C’était la première fois que le Saint Esprit bougeait mon corps de cette façon. ! Et j’ai dit oui. La semaine suivante je suis allée à l’église avec trépidation, étant parfaitement consciente que je n’étais pas préparée à ce qui se tenait devant moi. Tout le monde était déjà présent, en train de m’attendre et tentant d’évaluer si j’étais à la hauteur pour animer leur groupe. Un grand gars dégingandé a souri à travers sa moustache et m’a tendu la main. « Salut. Je suis Sandy ». J’ai serré sa main en me demandant si je n’avais aucune écorchure de peau à travers laquelle je pourrais attraper le SIDA. Un homme rondouillard, habillé de vêtements chiffonnés m’a tendu la main tout en restant dans son siège, avançant sa bouteille à oxygène comme une explication au fait qu’il ne se levait pas. Il avait des tubes scotchés sur la joue. « Moi c’est Greg. » Dit-il dans une respiration sifflante. Le troisième homme ne s’est pas levé ni tendu la main. Il se tenait assis comme un garde du corps, posait comme sur un piédestal. Son débardeur et son short lassaient apparaitre une peau bronzée, des jambes et bras rasés, et des poils denses et blonds sur la poitrine. « Je m’appelle Chris. J’ai le SIDA depuis plus longtemps que n’importe qui ici. » « Vous êtes sans aucun doute l’image même de la santé, » dis-je. « Ouais, mes cellules T sont tombées à 2 ; mais j’ai changé mon régime et j’ai commencé un nouveau traitement qui vient de sortir, mais ils recommencent à chuter encore. On ne peut pas changer la destination finale où nous conduit cette maladie, on peut juste en prolonger les conséquences. » Greg intervint dans une voix sifflante, « Etes-vous au courant de tout cela, Marty ? » « Non, pas vraiment », admis-je. Alors comment pensez-vous pouvoir nous aider ? Quiconque est impliqué dans l’aide contre le SIDA doit tout connaître à ce sujet, marmonna-t-il. « Je crois que ce que je sais, peut davantage vous aider que le dernier traitement » dis-je avec assurance. « Et maintenant, qui reste-t-il ? », en me tournant vers un couple âgé, et une toute jeune femme. « Je m’appelle Cass, » dit la jeune femme. « Je n’ai pas le SIDA, mais mon copain vient d’en mourir ». Je n’étais pas sûre si elle se vantait ou si elle était encore en colère à ce sujet. « Et nous sommes Jane et Bill, » dit l’homme plus âgé, « Nous sommes les représentants de l’église qui avons réservé cet espace. Il se trouve que notre fils est gay et que son compagnon atteint du SIDA est mourant. » Il y en avait trois autres qui refusèrent de me donner leur nom. Ils étaient tranquillement assis près de la fenêtre comme s’ils étaient prêts à sauter à tout moment. Au fur et à mesure du temps, ils sont devenus une partie intégrante du groupe. Une grande et belle famille. Après toutes ces belles présentations, nous nous sommes assis dans de confortables sièges en petit cercle. « Je m’appelle Marty, comme vous le savez. Je suis ici pour vous encourager. C’est comme cela que je souhaite que vous me voyiez, et je demanderais à Bill et Jane d’être nos facilitateurs. » Ils acquiescèrent. « Je veux vous dire tout de suite quel est mon objectif. C’est de vous apprendre à vous tenir fermement sur la Parole de Dieu de ce que vous ne mourrez pas de cette maladie, mais je vous vivrez, et vous vivrez pour proclamer la gloire de Dieu. » Ils me regardèrent tous avec étonnement. Même Chris décroisa ses bras et se pencha en avant, ses coudes sur ses genoux. Je leur donnai un message fort ce jour là qu’ils burent comme un chien après une longue course. Au cours de la semaine suivante, je reçus un coup de fil de Sandy. Il semblait terrifié. « Marty ! Nous sommes tous à l’hôpital. Je suis désolé de te le dire, mais Greg est mort. Nous nous sommes retrouvés pour une pizza, et en plein milieu du repas, Greg s’est effondré. L’ambulance est venue, nous l’avons accompagné jusqu’aux urgences et le médecin a simplement prononcé son décès. » Un sanglot sortit de la gorge de Sandy. « Non ! Criai-je.” Dans le nom de Jésus, il va vivre et non mourir. Sandy, es-tu toujours avec lui ? » « Oui, nous sommes tous autour du guéridon et le médecin vint de quitter la pièce. » J’ai crié « Les gars, citez les écritures sur lui comme je vous ai appris samedi dernier. J’arrive tout de suite. » « O.K. » Sandy semblait se ragaillardir. “ J’ai mes notes avec moi. Nous allons le faire. » Le temps que j’arrive, Greg était assis sur son lit, à siroter un soda. Le samedi suivant, Greg était là à notre réunion avec sa bouteille d’oxygène. Après cela le groupe semblait particulièrement motivé d’en apprendre davantage sur la Parole de Dieu. Mais la semaine suivante, cela se produisit à nouveau. Seul Sandy était avec Greg à ce moment, et il m’a immédiatement appelé. Nous avons prié en accord au téléphone que Greg vivrait et ne mourrait pas. Je me suis précipitée aux urgences, tout comme les autres membres du groupe que Sandy avait appelé, et là encore Greg est revenu des morts. Cette fois-ci Greg a pris lui-même autorité dans le Seigneur, et quand il est venu le samedi, il est arrivé sans sa bouteille d’oxygène. Greg n’a pas eu d’autre crise. A chaque session je les orientais vers la guérison et la foi dans la Parole de Dieu. Cela fonctionnait. Nous parcourions avec délices les chemins du succès pendant six mois, et nous avons été surpris quand le Seigneur a soudainement changé de direction. Il était temps de parler de l’homosexualité. Je savais dans l’esprit que c’était dans cette direction que nous devions aller maintenant, et je l’appréhendais comme pour escalader le flan de montagnes russes, reprenant mon souffle que nous franchissions le sommet. J’appris tellement à propos de mon mari, alors que j’explorai la vie de ces précieux hommes. Sandy, un musicien et dramaturge de talent, a été violé alors qu’il n’était qu’un adolescent tout juste pubère. Chris, le fils d’un militaire a appris par un membre du régiment de son père la masturbation réciproque. Greg a eu une mère pentecôtiste abusive qui demandait à son père de le battre tous les soirs dans le bois, après le travail. Aucun d’eux n’eut de membre de leur famille qui les maltraiter comme John. Il était venu à une réunion, mais n’a pas souhaité revenir, disant qu’il ne pouvait pas supporter la honte. Mais je me disais que peut-être après cela j’en saurais davantage sur les problématiques homosexuelles, et que John et moi nous pourrions travailler ensemble, pour en venir à bout. Cela me frustrait de voir que ces hommes ne prenaient pas leur part de responsabilité dans leur homosexualité. Ils ne faisaient que blâmer les ceux qui les avaient conduites là. Je ne voulais pas en arriver à dire à ces hommes qu’ils étaient responsables de leur propre choix, et qu’ils avaient choisi ce comportement. Je voulais qu’ils ne découvrent par eux-mêmes. Je voulais soulever des questions qui révèleraient leur processus interne de prise de décision, mais nous n’avons jamais atteint ce stade de découverte de soi. Le mur de résistance resta intact. Toutefois, je compris où John s’était arrêté dans sa lutte contre sa condition. S’il ne voulait pas faire face à ce qui l’avait conduit à l’homosexualité, comment pourrait-il aller au-delà dans la découverte de son système de prise de décision ? S’il ne voulait pas admettre qu’il avait été molesté, comment pouvait-il faire face à cette souffrance ? A cours de l’une de nos séances, Sandy confia que le Seigneur lui avait dit de commencer à dire « Je suis un hétérosexuel. » Je demandai « Qu’as-tu fait ? » « Je me suis mis devant le miroir de ma salle de bain et j’ai dit : Je suis un hétérosexuel. » « Comment t’es-tu senti ? » « J’étais écœuré. » Je fis un tour du groupe du regard, et aucun d’eux ne voulut me regarder dans les yeux, mais tous s’enfonçaient inconfortablement dans leur siège. « Est-ce que cela écœure quelqu’un d’autre d’entendre Sandy dire cela ? » Personne ne voulut répondre. La semaine suivante ils ont tous appelé les facilitateurs pour dire qu’ils étaient fatigués du groupe. Ce fut notre dernière séance. Nous sommes restés en contact après cela, mais je n’ai plus jamais pu les aider comme je pouvais le faire lors de nos réunions. Toutefois je peux dire que chacun d’eux, étant plus vieux que moi à l’époque, est mort d’une mort normale, dans le bel âge. Excepté Chris. Chris a rencontré une vieille connaissance dans la rue, et au cours de leur conversation l’homme lui a dit qu’il avait toujours un long manteau d’Hermine, et l’a remercié pour cela. Cela a rappelé plein de choses à Chris qui a demandé s’il pouvait le remettre juste une fois en souvenir du bon vieux temps. C’est tout ce qu’il a fallu. Chris est retombé dans son ancien style de vie et est mort six mois plus tard. Tout comme avec mon propre mari, j’ai pris un mur de brique. Je ne leur ai jamais parlé de John. Peut-être le savaient-ils. Des personnes animées d’un même esprit peuvent se reconnaître au sein d’une foule. Certains hommes ont tenté de se rapprocher de John, devant moi. Ils croient qu’on ne les voit pas. Mais si toutefois le groupe savait à propos de John et moi, ils ne m’en ont pas parlé. Tout du long j’ai « encouragé » le groupe, en même temps que John consultait régulièrement un médecin pour des douleurs de poitrine. Sa tension artérielle est montée en flèche, et nous devions la surveiller tous les jours à une caserne de pompiers. Un soir alors que j’étais couchée et que John lisait un livre, il m’a annoncé tranquillement : « Nous n’allons plus faire l’amour » « Pourquoi ?”, demandai-je. « À cause de ma pression artérielle. » « Tu veux dire que nous ne ferons plus jamais l’amour ? À vie ? » « J’en ai bien peur. » Il retourna ensuite à son livre. Je le fixai pendant un long moment, et quand je réalisai qu’il n’allait pas faire l’effort de s’apercevoir que j’étais là, encore moins de me donner plus d’explication, je me retournai et pleurai. Ce n’était pas tellement que nous avions une vie sexuelle si extraordinaire, mais j’aimais ce que nous avions. Il l’a jeté comme on jette un vieux papier journal. En tout état de cause il avait raison : nous n’avons plus jamais fait l’amour ensemble.
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Marty
Delmon Écrivaine
Évangéliste Enseignante Écrire était profondément inscrit dans mes gènes si je peux parler ainsi. Mais quand j’ai donné ma vie à Jésus, Il m’a dit qu’Il m’avait créé pour écrire toutes mes aventures spirituelles et j’ai commencé à le faire. Après tout, si Dieu tout puissant me faisait com- prendre que son projet sur moi c’était d’être son écrivain, qui suis-je pour discuter son plan ?
Mon espérance, c’est vous n’aimiez pas seulement ce que j’écris mais que mes mots changent votre vie. Qu’ils vous mettent en route vers Jésus et avec Jésus. Que vos jours avec Lui sur cette terre, ressemblent au ciel. Archives
October 2018
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