John et moi sommes allés rendre visite à notre fille Jo lorsqu’elle a mis au monde son troisième enfant. Nous sommes restés plusieurs semaines afin de nous occuper de la maison, prendre soin des enfants, et je me suis même offert une séance de cinéma sur la base militaire. Le film dépeignait la vengeance d’une femme abusée. Jo a fait quelques commentaires sur la route du retour qui m’ont contrariée, et j’étais résolue à lui en parler le lendemain. Quand je me suis réveillée le lendemain, j’ai demandé au Seigneur quelle sorte de journée Il avait préparé. Il m’a dit que ce serait une journée de vérité. Je n’avais aucune idée de ce que cela pouvait bien vouloir dire. Plus tard dans la journée j’ai pris Jo à part dans la chambre de Bridget pour revenir sur ses remarques de la veille. Une chose en amenant une autre j’ai fini par lui demander « Jo, est-ce que tu détestes les hommes ? » Je ne sais pas pourquoi elle m’a aussitôt retournée la question. « Est-ce que tu me demandes cela parce que papa déteste les femmes ? Tu crois que je suis lesbienne n’est-ce pas ? » Subitement j’ai vu comme un flash sur son visage, un sursaut de perspicacité. « Est-ce que papa est gay ? » Je ne lui ai pas répondu. Haletante, « Il l’est n’est-ce pas ! O mon Dieu, mon Dieu aide-moi. » Elle serra son ventre et alla à la fenêtre prendre l’air. « Mon père est homosexuel, c’est ça maman ? »
J’étais sans voix, les mots ne sortaient pas. Je n’avais pas imaginé que ce jour arriverait. Je m’étais juré que jamais, jamais mes enfants ne le sauraient. Je ne savais pas quoi dire parce que je ne pouvais pas mentir. En essayant de rester calme, j’ai dit décontractée « Jo, je ne dévoilerai pas la vie intime de ton père. Il va falloir que tu lui demandes. » « Non maman, ne fais pas ça, dis-moi juste la vérité. Est-ce qu’il l’est ? » J’étais stupéfaite et je ne savais toujours pas quoi dire. « Il l’est » finit-elle pas asséner. Je répondis un peu sur la défensive « Va lui demander, va découvrir toi-même. » Elle s’approcha de moi de quelques centimètres, nez à nez, et me dit « C’est à toi que je le demande ». Des larmes commencèrent à couler de mes yeux, des courants glacés et brulants traversèrent mon corps, « Je …je ne veux pas avoir cette conversation. » ai-je bégayé. « C’est lui le responsable, s’il te plait Jo, va lui parler ». J’avais le sentiment que si je ne sortais pas de cette pièce, j’allais suffoquer. Je ne pouvais pas faire face à cette discussion. Et je ne voyais pas comment je pouvais aider ma fille à y faire face. J’ai fini par quitter la pièce, horrifiée d’avoir à laisser ma fille tourmentée, seule face à cette nouvelle. Avais-je jamais fui ? Je suis sortie et j’ai joué avec les enfants, j’ai pu déjeuner, mais dans l’après-midi Jo a voulu que nous fassions une promenade au calme dans la campagne. Seules les vaches pourraient entendre notre conversation. Elle a pris mon bras avec douceur et tendresse, et a dit « J’ai parlé à papa. Il a répondu oui, il est homosexuel. » Nous avons marché un peu en silence. Jo dit doucement, «Je veux te demander pardon maman, pour toutes ces années où je me suis moquée de toi avec papa, de ta cuisine, de tes vêtements, et de tout le reste. Je n’imagine pas tout l’amour que tu as du déverser sur JJ et moi pour couvrir tout le reste et pour que nous ayons un foyer équilibré. Je veux dire, nous ne sommes pas du tout équilibrés, mais au moins nous avons un père à la maison. Je te suis vraiment reconnaissante. C’est plus d’amour que je ne saurais en recevoir. » Ma gorge était serrée, sans que je ne puisse répondre, j’ai enroulé son bras autour du mien et nous avons poursuivi notre promenade jusqu’à la rivière. La gratitude de ma fille a représenté plus pour moi que toutes ces années de mensonges destructeurs. Elle avait compris, elle avait apprécié tout ce que j’avais fait. Nous nous sommes tenues sur le pont à regarder l’eau qui coulait dessous, accoudées l’une contre l’autre. Nous sommes restées là un long moment. Cela semblait comme purificateur de voir cette eau emporter les débris. Jo a rompu le silence. « S’il te plait ne le dis pas à mon mari. » Un poids est tombé sur mon cœur. Que s’était-il passé ? Est-ce que ma file partageait elle aussi le poids de ce secret ? Est-ce qu’il allait reposer sur une autre paire d’épaules également ? Je ne voulais du tout qu’elle en porte le fardeau ! J’étais d’accord sur le fait que son mari n’était pas quelqu’un à mettre dans la confidence, mais cela m’interrogeait qu’elle veuille le cacher au reste du monde. Quand vint l’heure de nous quitter, mon cœur se déchira de la savoir avec trois précieux, mais épuisants bébés, un mari bougon et désagréable, et maintenant le secret du péché de son père sur ses épaules. Plus tard au cours de l’été, JJ est revenu d’Europe où il avait séjourné pour travailler dans le droit, afin de profiter des plages de Sarasota, et faire du volley-ball. Il pensait être là pour le plaisir; moi je savais qu’il était là pour une transplantation cardiaque. J’ai dit à John que si Jo était au courant, alors il devait également le dire à JJ. Une après midi, alors que j’entrais dans le salon, j’ai vu leur regard et j’ai compris qu’ils venaient d’avoir une discussion à ce sujet. J’ai attendu que John en sorte avant de demander, « Est-ce que ton père avait quelque chose à te dire à propos de lui ? » JJ répondit « Ouais. » Je lui ai demandé comment il se sentait par rapport à cela. « J’aurais préféré ne rien savoir, mais je suis content qu’il me l’ait dit. Ca explique beaucoup de choses. » « Quelles choses ? » ai-je demandé d’une voix basse. L’atmosphère était lourde de la déception de JJ. « Comme pourquoi il n’y avait jamais de romance entre vous deux. Un enfant aime voir ses parents amoureux, et je n’avais jamais compris pourquoi pas vous. Maintenant je sais. » J’ai acquiescé. Quand il était adolescent JJ avait essayé d’allumer une flamme entre John et moi, mais sans succès. La tendresse, la romance, l’intimité ne pourraient jamais être ravivées pour le bien des enfants. Ni pour le mien. « Je ne voulais pas que tu le découvres JJ, mais Jo a trouvé la vérité, et ce n’était pas juste qu’elle le sache et pas toi. Vous deux pouvez-vous épauler et vous soutenir mutuellement. Elle ne peut pas porter cela toute seule, ou juste avec moi. Je suis désolée, mais ça devait se produire. » JJ a croisé ses mains ensemble et à reposer son menton sur ses pouces. Après un long silence, il a dit « Merci maman. Je suis vraiment content de ne pas avoir su ça quand j’étais ado, vraiment content. » Jo et lui ont passé de longues heures au téléphone ce soir là, et encore pendant les vacances. Nous avons fait de longues promenades sur la plage tous les deux, à discuter, analyser, et à un moment, il m’a demandé «Pourquoi ne pas faire un point sur tout ça, accepter les circonstances et avancer dans ta vie ? » « Tu veux dire que je le quitte, JJ ? » « Ouais. » Cela m’a surprise. Je croyais que les enfants voulaient par dessus tout que leur parents restent ensemble. Je lui ai dit ce qui me paraissait être la vérité à ce moment. «Je ne me sens pas libre de faire cela. Ce que j’ai traversé m’aide à comprendre ces passages des Écritures qui évoquent ces femmes qui se tiennent près de leur mari afin de les conduire au Seigneur par leur conduite. Je ne crois pas que ton père serait né de nouveau, ou aurait fait une école biblique, si je n’étais pas restée à ses côtés. Rien au monde n’est plus important que Dieu et Sa Parole. Je partirais quand je sentirais que le Seigneur m’y invite. Mais je caresse toujours l’espoir qu’en restant près de ton père, il parviendra en fin de compte à mettre l’homosexualité de côté. » Quand JJ est reparti pour l’Europe, je l’ai appelé tous les jours pendant trois mois. Je savais qu’il se poserait des questions sur sa propre masculinité, et je voulais être là pour lui garantir qu’il n’y avait rien de génétique, ou d’héréditaire, mais plutôt un comportement acquis, en réalité le fruit de la volonté. Il a eu des moments difficiles pendant ces trois mois, mais il est parvenu à une merveilleuse conclusion. Si cela était génétique, alors la race humaine serait en extinction. Tout d’abord, il ne voulait que personne soit au courant, comme sa sœur Jo. Mais après avoir déclaré cela, il se rendit compte que cette condition ne le remettait pas en cause lui, alors il finit par se moquer de qui était au courant. C’était devenu le problème de papa, pas le sien, et il a reconnu que garder cela secret n’était pas sain. Il a aussi reconnu combien il avait eu tort de ne pas croire dans l’histoire de Jo à propos de Phil. Il a reconnu que des péchés sexuels engendrent d’autres péchés sexuels, et que cela a ouvert la porte à Phil pour s’y engouffrer. Il y a eu de grandes réconciliations entre mes enfants, et cela m’a béni, même dans mes moments d’apitoiement, quand je me plains intérieurement « pourquoi ne pouvions-nous pas voir une famille normale? » JJ a aussi réalisé pourquoi il avait choisi un homosexuel comme meilleur ami pendant ses études bibliques à Rhéma. C’était juste une question de confort. La présence de papa représentait le confort pour JJ, et son ami avait cela de rassurant, remplaçant en quelque sorte la présence de son père. Il a eu cependant une confrontation avec son ami, par email, au cours de laquelle son copain s’est défendu et a rétorque que Dieu l’avait fait comme cela. Cela a mal tourné et JJ a pris ses distances. Il savait d’expérience qu’un homme fait son propre chemin, et Dieu le laisserait suivre le chemin qu’il aura choisi. Aujourd’hui JJ a aiguisé son discernement. Je lui ai récemment demandé s’il y avait des homosexuels dans son groupe d’amis proches. Il m’a dit « Maman, j’ai appris qu’on ne sait jamais vraiment. » En ce qui concerne Jo, c’est une autre histoire. Elle veut toujours que personne ne sache, et elle n’aime pas en parler, mais elle apprendra aussi à lâcher. Maintenant que mes enfants savaient, j’en ai eu vraiment assez du sujet ! Je voulais revenir aux affaires de mon Père au lieu de m’enliser dans la boue des marécages humains. Si j’avais pu faire sauter tout cela loin de moi, je l’aurais fait. Ne pouvait-il pas y faire un changement profond ? Je ne savais pas quoi faire d’autre que de crier « Père, aide-moi ! » Traduction d’Emmanuelle Denfert-Bariani
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Marty
Delmon Écrivaine
Évangéliste Enseignante Écrire était profondément inscrit dans mes gènes si je peux parler ainsi. Mais quand j’ai donné ma vie à Jésus, Il m’a dit qu’Il m’avait créé pour écrire toutes mes aventures spirituelles et j’ai commencé à le faire. Après tout, si Dieu tout puissant me faisait com- prendre que son projet sur moi c’était d’être son écrivain, qui suis-je pour discuter son plan ?
Mon espérance, c’est vous n’aimiez pas seulement ce que j’écris mais que mes mots changent votre vie. Qu’ils vous mettent en route vers Jésus et avec Jésus. Que vos jours avec Lui sur cette terre, ressemblent au ciel. Archives
October 2018
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