J'ai remarqué tout de suite différentes choses qui se passaient en moi.
1. J'étais heureuse. J'étais incroyablement heureuse ! Après cinq ans de dépression et de montagnes russes, je flottais béatement dans un amour exaltant. J'aimais Dieu. Il n'y avait aucun moment où je n'aimais pas Dieu. 2. J'avais un appétit insatiable de la Parole de Dieu. Dans le passé j'avais essayé de lire la Bible plusieurs fois et je l'avais trouvée indéchiffrable, mais aujourd'hui je la comprenais. La colombe demeurait sur mon épaule et elle m'expliquait le sens des mots. Dieu me voulait heureuse, Il désirait que je sois son amie et que j'œuvre Ses œuvres avec Lui. C'était écrit là, noir sur blanc.
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Le jour de mon Cursillo est enfin arrivé. Mon entrée ne s'est pas faite avec autant de douceur que pour John. Une femme a écrit à mon sujet des lettres pleines de haine à la présidente et à cause de cela, le groupe a rejeté ma candidature. Mes nouveaux amis de l'église sont intervenus avec énergie et à la dernière minute, on a ajouté un lit dans le dortoir pour que je puisse participer à ma session. L'une des coutumes du Cursillo est que les diplômés envoient des cartes d'amour et d’encouragement aux participants en si grand nombre qu'elles finissent par s'empiler littéralement sur les lits. Eh bien, cette femme m’a même envoyé des cartes pleines de haine. Quand je les ai montrées à mon responsable, j'ai éclaté en sanglots et les membres de l'équipe se sont confondus en excuses pour s'être méfiés de moi. Et ils ont décidé de ne plus me transmettre ses cartes.
Ce laïque qui m’avait servi le vin appela sa femme pour me la présenter et il lui dit que je venais de naître de nouveau. Je n’ai pas fait très attention à ce qu’il me disait ; j’étais juste heureuse d’être à nouveau heureuse ! Mes enfants et moi fûmes les derniers à partir parce que j’étais tellement contente de parler avec tout le monde. Je ne crois pas avoir mentionné à John les événements de la matinée, mais je suppose qu’il a remarqué quelque chose de différent chez moi ; ça pourrait expliquer pourquoi il est venu à l’église le dimanche suivant.
Pendant qu’on prenait le café, l’épouse de celui qui m’avait servi le vin m’a attirée dans un petit cercle de femmes et m’a demandé si nous pourrions nous retrouver à un déjeuner entre femmes chez elle avant le jeudi de la semaine suivante. J’ai dit le jour qui me convenait le mieux et trois d’entre elles ont aussitôt dit, en cœur, que c’était parfait pour elles. J’ai remarqué que John parlait en même temps avec « mon laïque », mais je n’ai pas saisi qu’il se préparait quelque chose. Conformément à la tradition de ma famille, je n’ai rien dit de mon expérience dans le groupe de prière des collines, pas même à ma tante. Mais, de retour à San Francisco, j’ai trouvé une église à laquelle me joindre. Si l’événement indescriptible qui m’était survenu était véritablement unique, peut-être allais-je trouver la même chose dans une église près de chez moi. J’ai choisi une église rien que pour de mauvaises raisons. Elle avait été conçue par un architecte célèbre et était donc très belle ; elle avait un chœur d’enfants qui portaient des costumes adorables et dont mes enfants allaient peut-être pouvoir faire partie. Mais tout comme il existe un Plan d’ensemble, il existe aussi un Maître qui va à l’essentiel et qui sait me trouver là où je suis quelques soient mes plans.
Tous les dimanches, j’emmenais mes enfants à l’église ; je les laissais dans le chœur avant d’entrer dans l’église pour le culte. À la minute même où je passais la porte je me mettais à pleurer sans savoir pourquoi et j’allais me cacher dans un coin sombre, là où il n’y avait personne et où nul ne pouvait voir couler mes larmes. Je pleurais pendant tout le culte et jamais je ne m’étais avancée pour prendre la communion jusqu’à ce fameux dimanche qui a certainement été enregistré dans mon Livre de Vie. Pendant ma dépression, des amis de St Louis m’ont appelée. Ils avaient habité l’appartement à côté du nôtre à San Francisco, avant de retourner dans leur ville d’origine. Pam m’a demandé s’ils pouvaient venir me voir ; ce serait bon, disait-elle, de renouer avec le passé et de visiter à nouveau San Francisco. Je l’ai avertie que j’étais en dépression. Elle a voulu en savoir plus mais j’ai éludé ses questions et elle a conclu la conversation en disant : « Marty, tu as besoin de neuf. Nous avons ce qu’il te faut. Invite quelques amis, nous allons leur montrer un truc excitant ». Ça faisait des années que je n’avais reçu personne, aussi lorsque j’ai invité six ou huit de mes amis proches, ils ont dû penser que j’étais en train de renaître et ils sont venus en s’attendant à une bonne soirée.
Henry avait toutes sortes de plans. Lui et John pourraient prendre un appartement ensemble et les enfants et moi nous resterions où nous étions, dans notre appartement douillet de Cow Hollow à San Francisco. Il ne serait pas nécessaire que je travaille parce qu’ils pourraient m’entretenir sans problème, avec leurs deux salaires ils auraient largement de quoi vivre et Henry avait fait de bonnes affaires en bourse. Ils pourraient avoir les enfants un week-end sur deux pour me laisser souffler et tous les trois on pourrait jouer les fiers parents aux réunions scolaires. Les week-ends où j’aurais les enfants, Henry et John pourraient donner des soirées gigantesques et ‘courir les antiquités’ à la campagne. Oui, Henry avait pensé à tout au cours de cet après-midi. Je sentais John se rigidifier en l’écoutant. Mon corps à moi était déjà aussi rigide qu’une planche.
Chez nous, tard cette nuit-là, John m’a dit qu’il ne voulait pas de ce style de vie gay et il m’a suppliée de rester avec lui. Il a dit que sa carrière serait ruinée s’il suivait le plan d’Henry. En voyant sa vulnérabilité, j’ai posé ma deuxième condition. J’ai dit que je resterais s’il quittait son amoureux. Il a répondu qu’il essayerait. Mais un soir il s’est assis soudain sur le bord du lit où je lisais. Il tremblait. Sous le coup de l'émotion sa peau paraissait molle comme s’il avait pleuré pendant des heures. Les longs cils encadrant les yeux rouges laissèrent tomber des larmes quand il dit soudain : « J’aime Henry. » Je n’avais jamais vu un homme exprimer autant d’amour pour une femme, encore moins pour un homme. Je voulais sortir. Marcher dans la fraîcheur allait au moins m’éclaircir les idées. Je n’avais pas dormi. J’ai laissé JJ et JO devant les dessins animés du samedi. J’ai obligé mon mari à rester avec eux. Il détestait faire du baby-sitting. Des nœuds dans la tête, abrutie jusqu’à la dépression, mes pas me conduisirent au Quai du Pêcheur, endroit qui avait connu des jours meilleurs. Piétinée dans mon être jusqu’à la moelle, je désirais l’être aussi par la foule. Les gens qui faisaient leurs courses de Noël envahissaient le Quai, pourtant les cafés restaient plutôt déserts, alors je me suis installée en terrasse. On me jetait des regards étranges car je ne me rendais pas compte que je pleurais. J’essuyais mes larmes machinalement sans prendre conscience de la cause de ce geste.
Je m’en fichais pas mal ! On pouvait bien me dévisager ! Personne n’avait un conjoint qui venait de confesser son amour pour quelqu’un d’autre ! Ces badauds, que savaient-ils de la douleur, de la souffrance ? Leur monde ne s’était pas transformé en farce ! Au nom du ciel, comment pouvais-je me défendre ? S’il avait aimé une femme j’aurais pu inventé un plan, une méthode pour le récupérer, mais je ne pouvais me transformer en homme. Si c’était là son désir, je ne pourrais jamais le satisfaire. Même si j’avais eu un plan, je lui avais déjà donné le meilleur de moi-même. Cela ne m’est arrivé qu’une seule fois dans ma vie d’avoir la liberté de décorer ma maison à mon goût sans souci d’argent. C’était à San Francisco, juste avant le Noël 1974. Nous venions d’acheter un bâtiment à trois étages composé de trois appartements, un par étage d’une superficie de 185 m2. Il y avait quatre chambres et une seule salle de bains construite en 1906. Les hauts plafonds, le papier peint d’un autre âge, le lambris, les balustrades, les moulures du plafond, le plancher et les lattes créaient un décor classique victorien tarabiscoté. On a emménagé à l’étage du milieu et j’ai décoré tout mon content. En ce Noël là je venais de terminer mon travail.
La salle de séjour était un casse-tête alors le constructeur a séparé une extrémité en mettant des petits murs bas qui faisaient saillie dans la pièce et portaient deux colonnes circulaires. Cela donnait l’impression d’une entrée vu de l’autre bout de la salle. J’y ai placé notre piano à queue et on a appelé cet espace la salle de musique. Tous les nombreux éléments en bois, je les ai peints en blanc laqué, y compris les colonnes et les murs bas. Sur le peu de mur qui restait j’ai posé un papier peint floqué réfléchissant avec des motifs de plumes de paon géantes, toutes bleu vert avec des queues très colorées aux reflets dorés. |
Marty
Delmon Écrivaine
Évangéliste Enseignante Écrire était profondément inscrit dans mes gènes si je peux parler ainsi. Mais quand j’ai donné ma vie à Jésus, Il m’a dit qu’Il m’avait créé pour écrire toutes mes aventures spirituelles et j’ai commencé à le faire. Après tout, si Dieu tout puissant me faisait com- prendre que son projet sur moi c’était d’être son écrivain, qui suis-je pour discuter son plan ?
Mon espérance, c’est vous n’aimiez pas seulement ce que j’écris mais que mes mots changent votre vie. Qu’ils vous mettent en route vers Jésus et avec Jésus. Que vos jours avec Lui sur cette terre, ressemblent au ciel. Archives
October 2018
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